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conférence romande des sections

« Se renforcer pour obtenir des victoires »

Matthias Hartwich, président du SEV, présente à Lausanne les thèmes à venir pour le syndicat cette année. Il veut renforcer le triangle recrutement, représentativité et pouvoir syndical.

Le 20 février, à l’Espace Dickens à Lausanne, la traditionnelle conférence romande des sections a permis à la direction syndicale de partager avec les représentant·es des sections les principaux enjeux syndicaux et politiques pour le SEV cette année et de repartir dynamisé après l’intervention de Pierre-Yves Maillard l’après-midi.

« C’est avec plaisir que je vois une salle pleine à craquer. Il y a 70 président·es et membres des comités de presque toutes les sections CFF et de toutes celles de la VPT ! » s’est réjoui en ouverture Tony Mainolfi, organisateur de la journée. Il a salué les deux nouveaux membres de la direction syndicale : Patrick Kummer, responsable des CFF, et Valérie Boillat, responsable des ETC. Cette dernière, nouvelle au SEV, a présenté son parcours d’historienne, syndicaliste chez Unia et responsable de la formation à Movendo et ses attentes à travers des illustrations très parlantes. Elle a insisté sur le diamant que représente la base de notre syndicat si active sur le terrain et qu’elle se réjouit de rencontrer autour d’un café.

« Nous pouvons obtenir des victoires »

Le président du SEV Matthias Hartwich a ensuite pris la parole pour présenter les principaux thèmes pour l’année 2024. Il s’est d’abord réjoui que la direction syndicale soit maintenant au complet après une année 2023 riche en changements. « En 2024, nous devrons être à la fois défensifs face aux attaques des employeurs et plus offensifs pour améliorer nos conditions de travail », a-t-il avancé. « Nous nous battrons pour faire avancer la politique sociale de ce pays. Les gens en ont assez et nous pouvons obtenir des victoires. J’aime ce sentiment », a-t-il ajouté. « Pour cela, il faut travailler ensemble. L’équipe du SEV est prête et je crois que vous aussi êtes prêts ! ». Il est revenu ensuite sur la victoire contre la coupe prévue dans le trafic régional de voyageurs, grâce à une mobilisation syndicale et politique efficace. Il a expliqué ensuite l’opposition du SEV dans le processus de négociation de la Suisse avec l’Europe : « Le service public et le trafic voyageurs ne sont pas à vendre, les marchandises doivent rester sur le rail et la politique de concurrence prônée par l’UE est un dogme qui a causé beaucoup de dégâts chez nos voisins. Les syndicats européens nous demandent de résister. Si on cherche le conflit avec nous, nous répondrons. C’est pour cela, qu’il est important de recruter. Cela nous donne de la légitimité et du pouvoir pour obtenir des victoires », a-t-il conclu.

De meilleures conditions de travailcontre la pénurie de personnel qualifié

Un thème important pour le SEV cette année sera l’avenir de la CCT avec les CFF et CFF Cargo. La prochaine conférence CCT aura lieu en avril. « Nous aimerions prolonger la CCT et améliorer les conditions de travail », a déclaré le vice-président SEV Patrick Kummer. Les thèmes que le SEV aimerait renégocier sont par exemple le salaire minimum et les indemnités. Ces améliorations sont d’autant plus nécessaires, pour rendre les métiers du transport attractifs, qu’il y a un manque de personnel – mécaniciens, monteurs-électriciens, personnel de la voie, police des transports, etc. « Nous devons trouver une solution à ce problème de pénurie de personnel aux CFF qui a un effet en cascade sur les collègues en place qui connaissent une intensification de leur travail pour pallier ces absences et qui tombent ensuite malade à leur tour », a-t-il expliqué. Cela concerne aussi de nombreuses ETC.

Dans les interventions de la salle qui ont suivi, certains ont rappelé que c’est aussi notre pouvoir de nuisance qui fera que nous serons pris au sérieux. « La grève n’est pas un crime » a abondé le président Hartwich, même si elle est plus difficile à mettre en place aux CFF. Une autre intervention a insisté sur les liens à tisser encore plus intensivement auprès des exécutifs et législatifs notamment alémaniques en cas de futures attaques sur le TRV. « Nous y travaillons et développons nos réseaux », a répondu Valérie Boillat.

La question de la sécurité dans les trains et du manque de personnel qui doit être multitâche a nourri un débat très intéressant. « Le nombre de trains et de voyageurs a fortement augmenté ces dernières années, mais pas le personnel » a fait remarquer un collègue. « Face à un sentiment d’impuissance, de nombreux jeunes quittent le métier et il y a une vraie perte de savoir-faire ferroviaire », a dénoncé le président de la ZPV. Après la présentation de la brochure qui vient de sortir sur les résultats de l’enquête à propos de la santé et des conditions de travail dans la branche bus (cf. page 7), tout le monde a partagé un repas en commun très apprécié.

Attaques contrela répartition des richesses

L’après-midi, Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, a présenté les enjeux de la politique sociale sur le court terme avec la votation du 3 mars et le moyen terme. Il a rappelé que dans la campagne pour la 13e rente AVS, face aux demandes syndicales pourtant très modérées, les opposants soutenus par la presse ont mené une campagne hargneuse avec une débauche de moyens financiers. Pour lui, « la violence de la campagne est l’indice d’un décrochage de la partie aisée de la population, les 10 à 15 % les plus riches, qui ne comprend plus la réalité des conditions de vie du reste de la population. »

Maillard a ensuite présenté les raisons de rejeter la révision du 2e pilier (LPP) sur laquelle nous voterons cet automne sans doute, suite au référendum lancé par la gauche et les syndicats. « Les suppléments pour compenser la baisse du taux de conversion négociés avec une partie du patronat ayant été rejetés par le parlement, avec LPP21, nous cotiserons plus pour recevoir moins et en particulier les petits salaires », explique-t-il. La prochaine votation, ce sera le 9 juin. Il faudra dire oui à l’Initiative populaire « Maximum 10 % du revenu pour les primes d’assurance-maladie ». Le résultat de la votation du 3 mars, pas encore connu à ce moment-là, conditionnera sans doute la suite. Les attaques déjà prévues pour baisser les rentes de veuves et augmenter l’âge de la retraite auront bien du plomb dans l’aile si c’est un oui à la 13e rente AVS. Après un débat nourri avec la salle et l’intervenant, tout le monde est reparti dynamisé par cette journée d’échange et de rencontre des plus stimulantes.

Yves Sancey
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